Un train en Gard - Racing Club de Strasbourg Alsace
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17/04/2021

C’est toujours une affaire de crocodiles et de cigognes, un duel entre l’eau et le ciel, l’allégorie animale d’un dimanche qui comptera beaucoup pour Nîmes et pour Strasbourg, à 540 minutes et son temps ajouté de la fin de la foire, ce fameux moment où on compte les bouses pour reprendre une métaphore prisée de la dialectique sportive.

C’est un match entre le 18e et actuel barragiste et le 14e, que six points séparent, qui sont à la fois beaucoup et peu. Tout est dit ou presque de l’enjeu d’un après-midi promis au feu. Dimanche soir, le Racing aura pris ses distances, maintenu la marge ou laissé revenir son hôte à un souffle. Dimanche soir, le Racing respirera mieux ou devra se résoudre au prolongement de ses incertitudes.

Certes, rien d’irrémédiable ne sera écrit après le chapitre des Costières puisque nul ne sait, et Thierry Laurey a raison de le répéter, combien d’unités seront indispensables au maintien. À l’instant de rentrer en Gard, c’est quand même une chance à saisir pour n’avoir pas à attendre le train suivant.

Le Racing s’aventure dans une arène où la survie n’est rien d’autre que la vie tout court. Le Nîmes Olympique a surmonté mille galères avant de revenir dans l’élite en 2018, après 25 longues années d’éclipse, une parenthèse mouvementée d’un quart de siècle sans fréquenter le grand monde. Il faut avoir avancer en âge pour se souvenir des belles heures et de ce personnage hors normes qu’était Kader Firoud.

Jusqu’à son retour récent en Ligue 1, Nîmes n’y avait jamais passé plus de deux saisons consécutives en 40 ans. Il y aura toujours un vieux, quelque part, pour le rappeler à ceux qui, aujourd’hui, sont appelés à défendre le bifteck. Et leur dire que ça vaut la peine d’y mettre toute son âme.

Il existe, dans certains matches, une dimension supérieure aux choses du jeu et de la tactique, quand s’invitent l’instinct de conservation et une habitude ancestrale au combat. Nîmes est fait de ce bois-là et, pas à pas, depuis deux mois, est parvenu à remonter la pente.

Le Racing connaît cela. Il a, lui aussi, durci sa couenne au fil d’affrontements de ce genre et sait bien l’exigence de ces rencontres d’un autre type, où l’engagement et le don de soi font autant que la capacité à bien manier le ballon. Au pays de la corrida, où la terre est pourprée du sang des taureaux, son regard est tourné vers la possibilité d’une estocade majeure.