Jean-Eudes Aholou : « Le LOSC, un très bon souvenir » - Racing Club de Strasbourg Alsace
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25/02/2021

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Jean-Eudes Aholou : « Le LOSC, un très bon souvenir »

Repéré par le LOSC à l’âge de 17 ans, Jean-Eudes Aholou a terminé sa formation chez les Dogues. Le milieu de terrain ivoirien se confie sur son apprentissage de la vie et du haut niveau dans le Nord.

Comment a débuté ton histoire avec le LOSC, à la fin de ta formation ?

« J’ai été formé à Ivoire Académie, une école de foot à Abidjan, où j’ai passé quatre ans. J’ai ensuite été sélectionné avec la Côte d’Ivoire U17, avec laquelle j’ai pris part à la Coupe d’Afrique des Nations et au Mondial. C’est là que le LOSC m’a convoqué pour un essai d’un mois. Quand j’ai appris que l’essai était concluant et qu’un contrat élite (deux ans stagiaire, un an professionnel) m’attendait, j’étais extrêmement fier. Mon objectif était de franchir ce palier en signant dans un grand club européen. Par ailleurs, Lille est une équipe qui a souvent réussi aux Ivoiriens, de Kader Keita à Salomon Kalou en passant par Gervinho. L’idée était de suivre la trace des anciens qui ont fait carrière là-bas. Je suis donc rentré à Abidjan pour faire les papiers et j’ai repris un avion pour la France. À ce moment-là, je me suis dit que le plus dur ne faisait que commencer. »

Quels sont tes souvenirs de tes premiers mois en France ?

« Je m’en souviens très bien. Je suis arrivé le jour de mes 18 ans, le 20 mars 2012. Il a fallu s’adapter car c’était un gros changement pour moi. La culture est relativement différente de la Côte d’Ivoire, le climat aussi… Quand je suis arrivé, il faisait un froid glacial et il neigeait. Tous ces paramètres-là sont à prendre en compte dans l’adaptation d’un jeune joueur étranger. Il faut peut-être un peu plus de temps que les autres. Après quelques mois, j’ai fini par m’acclimater, et avec le recul, je suis content d’être passé par tout ça. »

 

« Ville chaleureuse, […] mentalité de travailleur »

 

Quelles ont été tes impressions sur la région, les gens du Nord, la ville de Lille ?

« Le Nord, c’est une mentalité de travailleur. Ce sont des gens qui ne lâchent rien, et c’est ce qu’ils ont essayé de m’inculquer. De mon côté, j’avais mon caractère, ma culture, ma façon de bosser. Il a fallu faire ce mélange pour prendre le positif des deux. J’ai commencé par vivre au Domaine de Luchin (camp de base du LOSC, à 15 kilomètres de Lille), qui est un très beau centre, et j’ai ensuite découvert Lille. C’est une ville très sympa, très chaleureuse, j’ai beaucoup aimé. Et puis il y a le stade Pierre Mauroy qui est magnifique, et qui était tout juste inauguré à mon époque… Toute cette période, c’est vraiment un bon souvenir. »

Jean-Eudes Aholou (au centre) entouré de Marvin Martin (à gauche) et Simon Kjaer (à droite). Crédit photo : LOSC

Tu découvres le championnat national U19, comment as-tu trouvé le niveau ? Etais-tu dans les clous ?

« J’ai quand même mis un peu de temps à m’adapter car tout était très différent de ce que je connaissais en Côte d’Ivoire, avec plus de jeu, beaucoup de qualité technique. En France, on m’a très vite demandé de me mettre au niveau physiquement. Le championnat U19 et le CFA à ce moment-là demandaient une exigence physique plus élevée. Ça a mis un peu de temps pour moi. Une fois que j’ai compris comment fonctionnait le football en France, ça a commencé à bien marcher. Tactiquement aussi, j’ai beaucoup travaillé avec des éducateurs comme Rachid Chihab et Stéphane Adam, connus pour leur exigence. Ils étaient un peu durs avec moi, et je me souviens que je ne comprenais pas trop à l’époque. Avec le recul, je sais que c’était un apprentissage et je suis content d’être passé par là. »

 

Des grands frères nommés Salomon Kalou et Idrissa Gueye

 

Certains de tes coéquipiers en jeunes ont-ils fait carrière au haut niveau ?

« On nous a beaucoup répété au centre que nous étions beaucoup à rêver de foot professionnel mais qu’il n’y aurait pas la place pour tout le monde. Certains ont réussi à franchir le cap malgré tout. Je pense à des garçons comme Benjamin Pavard et Divock Origi qui font de grandes carrières, mais aussi Nolan Mbemba, aujourd’hui au Havre, ou Omenuke Mfulu (passé par la Racing Mutest Académie avant Lille) à Elche. Youssouf Koné et Adama Traoré nous ont rejoint du Mali un peu plus tard et ont eux aussi fini par faire carrière au haut niveau. »

Comment se sont passés tes premiers contacts avec le groupe professionnel ?

« J’ai tout d’abord été appelé par le staff de René Girard à venir m’entraîner avec les pros. J’étais super content, c’était tout nouveau pour moi. Je jouais avec des gars que l’on voyait à la télé tous les week-ends. J’étais comme un élève qui arrivait chez les grands avec la soif d’apprendre, d’engranger de l’expérience, et ils m’ont très bien accueilli. Salomon Kalou m’a énormément parlé. Il me donnait tout le temps des conseils. Idrissa Gueye a aussi été très important pour moi car on a eu un peu le même parcours, lui venant de l’Académie Diambars au Sénégal. »

 

Une première en pro qui va rester

 

Le 3 janvier 2015, René Girard te donne ta chance à la fin d’un match de Coupe de France  à Bastia…

« Un sacré moment ! Pour l’anecdote, j’étais en train de m’échauffer sur le bord du terrain en fin de rencontre. Lorsque je vois le coach m’appeler pour entrer en jeu, j’étais tellement ému et stressé que je n’ai pas pris le bon maillot en m’habillant. J’étais censé prendre le 17 et j’ai pris le 16 de mon pote Youssouf Koné. J’ai donc passé les cinq dernières minutes de la rencontre avec un mauvais maillot… On n’a pas gagné ce match, mais mes coéquipiers m’ont pas mal chambré après coup. »

Après ce match, tu n’as plus pris part à d’autres rencontres en professionnel avec le LOSC. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?

« Arrivé à la dernière année de mon contrat, le club a décidé de ne pas me prolonger car des joueurs performaient déjà à mon poste en professionnel et je n’allais pas avoir assez de temps de jeu.  Je n’ai pas été frustré, mais j’ai pris ça comme un défi. Je voulais prouver que j’avais le niveau. J’ai donc décidé de partir deux crans en dessous, à Orléans (National 1), pour emmagasiner un maximum de temps de jeu. Je fais une bonne saison là-bas, on monte en Ligue 2 et à l’hiver je signe à Strasbourg pour la montée en Ligue 1. »

 

« Fier et content d’être passé par tout ça »

 

Tu es l’exemple du joueur qui a su s’imposer au haut niveau, devenir un vrai joueur de Ligue 1, en n’ayant pas été conservé au terme de sa formation. La preuve qu’il ne faut jamais lâcher dans le foot…

« Exactement, je pense qu’il ne faut jamais abandonner ses rêves. Dans la vie, on peut rencontrer des personnes qui vont nous apprendre des choses et nous faire passer des paliers. Je m’estime chanceux d’avoir rencontré tous ces éducateurs qui m’ont appris la vie, fait de moi ce que je suis. Je me suis servi de ça pour rebondir. Quand on a un objectif, on peut rencontrer des obstacles, traverser des moments difficiles, mais il faut savoir rester fort pour les surmonter. »

Tu es fier de ton parcours ?

«  Je suis fier et je ne regrette rien. Je suis content d’être passé par tout ça. Cela m’a procuré une double motivation pour me surpasser à chaque fois que je foule un terrain de football. Je suis passé par le CFA, le National 1, la Ligue 2, la Ligue 1, puis la Ligue Europa et la Ligue des Champions… C’est ma fierté. Il ne faut jamais rien lâcher, ne jamais arrêter d’y croire car tout est possible dans notre métier. »