Robin Binder : « Jouer à 17 ans devant 15 000 personnes, c’est incroyable ! » - Racing Club de Strasbourg Alsace
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31/12/2022

Robin Binder : « Jouer à 17 ans devant 15 000 personnes, c’est incroyable ! »

Pur produit du centre de formation du Racing Club de Strasbourg Alsace, Robin Binder était considéré comme un grand espoir du club qui a participé à sa renaissance. Au cours d’un long entretien, le serial buteur revient sur sa vie de jeune footballeur de haut niveau et sa vie d’après.

Nous sommes à l’époque au début de la saison 2012-2013. La saison précédente (2011-2012), tu as joué le plus souvent en équipe réserve (DH) avant d’intégrer l’effectif de l’équipe première. Qu’est-ce que ça fait pour un Alsacien de porter le maillot du Racing ?

« Effectivement, j’évolue avec la réserve en DH l’année où le Racing est en CFA 2 (2011-2012). J’ai 17 ans à ce moment-là et c’est l’année où je passe mon Baccalauréat. Vers la fin de cette saison, je fais « l’ascenseur » entre les deux équipes : je jouais, ou étais dans le groupe, de temps en temps en équipe 1, et si je jouais moins d’une mi-temps, je redescendais avec la réserve le lendemain. Si mes souvenirs sont bons, je finis même co-meilleur buteur en DH (19 buts inscrits). La saison suivante, j’intègre pleinement l’effectif de l’équipe fanion en CFA.
C’était une grande fierté, pour moi mais aussi pour ma famille. Moi qui suis très famille, voir tout le monde me suivre et être fier de moi, ça fait plaisir et ça m’a apporté une sorte de fierté pour moi aussi. J’alliais encore à l’époque études et foot avec mon Bac. Ce n’était encore « que » de la CFA 2, mais l’engouement qu’il y avait autour du Racing été déjà très présent. Jouer à 17 ans devant 15 000 personnes, avec des joueurs que je regardais depuis les gradins quelques années plus tôt, c’était juste incroyable. Je me demandais parfois ce que je faisais là. Être en cours pour préparer le Bac et le week-end jouer dans une Meinau presque pleine, c’était quelque chose.
»

Comment s’est passée ton adaptation au sein du vestiaire strasbourgeois ?

« J’ai eu de la chance car je pense avoir été bien intégré. Il y avait « Pacho » Donzelot et Benjamin Genghini, Billy Modeste entre autres avec qui je m’entendais super bien. En étant le plus jeune, le « petit » du vestiaire, j’étais un peu comme le chouchou du vestiaire. J’étais assis à côté de Benjamin (Genghini) dans le vestiaire, puis entre lui et Guillaume Gauclin quand il est arrivé au club. Donc l’adaptation était cool mais il y avait une pression puisque c’était un autre niveau et le club aspirait à monter directement. A 18 ans, en étant assez réservé et ne voulant pas faire trop de bruit, je n’avais jamais vraiment vécu cette pression. C’était vraiment quelque chose de nouveau pour moi, il fallait s’accrocher car ce n’était pas tous les jours évident. On sentait cette pression au quotidien car le club n’était pas à sa place et il voulait la retrouver au plus vite. »

Peux-tu nous raconter ta saison de CFA avec le club, marquée par une montée décrochée au bout du suspense… ?

« C’était une montée incroyable. A dix matches de la fin, Raon-L’Etape était assez loin devant et nous seulement cinquièmes sachant que seul le premier était promu. On n’avait pas trop le droit au faux-pas pour continuer à espérer décrocher la première place, et finalement on y est arrivés (une défaite en dix matches, sept victoires sur dix dont cinq consécutives). C’était un truc de dingue ! Je pense qu’à dix matches de la fin, on regardait plus pour le maintien que la montée. Je me souviens de la défaite à domicile contre Moulins (0-4) puis du déplacement à Yzeure avec un effectif réduit, notamment Adel Benchenane, milieu offensif, qui avait joué latéral droit ce jour-là. Donc vraiment une équipe recomposée. C’était aussi un de mes premiers matches en tant que titulaire. Plus personne ne croyait à la montée mais c’est finalement là que tout a commencé : on a gagné 1-0 et j’ai marqué l’unique but. On a ensuite enchaîné les victoires et on voyait qu’on remontait petit à petit. Il nous restait ensuite deux matches, d’abord la réserve du Paris Saint-Germain à domicile où on a fait match nul (1-1) et ensuite on est censés jouer à Raon-L’Etape, mais le match est repoussé d’une semaine à cause des services de sécurité qui n’avaient pas permis la tenue du match, classé « à risque ». J’ai appris ce report dans le vestiaire au dernier moment, car j’étais vraiment concentré sur le match et pas sur ce qu’il y avait autour. Je n’y avais pas cru quand Benjamin Genghini me l’a annoncé.
On joue finalement à Epinal la semaine suivante. Au cours du match, on gagnait 3-0 mais l’adversaire était ensuite revenu à 3-2 en quelques minutes. On a joué avec la boule au ventre jusqu’au coup de sifflet final (victoire 3-2 et titre de champion à la fin). Le scénario de ce match est à l’image de la saison : dingue ! »

Aujourd’hui, gardes-tu toujours un œil sur le Racing ?

« Oui bien sûr ! Je ne suis pas allé voir beaucoup de matches depuis que je suis parti, mais je les regarde toujours à la télé dès que je peux. Je profite de l’occasion pour faire un clin d’œil à Jean-Marc Kuentz qui était sans doute ma plus belle rencontre au Racing, en tant que personne et en tant que coach. Il a pris de mes nouvelles il n’y a pas si longtemps et ça fait toujours plaisir. »

A quoi ressemble le quotidien de Robin Binder désormais ?

« Le quotidien sportif n’est plus vraiment une priorité. Le foot en est encore une, mais une petite part. Maintenant, c’est le travail et la vie privée qui ont pris le dessus. Je suis sous contrat depuis bientôt quatre ans chez Est Arro, l’entreprise de mon président du FC Still où je joue actuellement, spécialisée dans l’arrosage automatique. Je suis avec ma copine depuis quatre ans, donc je profite pas mal avec elle. Je peux notamment partir au ski, chose que je ne pouvais pas faire à l’époque. Je découvre un peu la vie que je ne pouvais pas avoir en étant footballeur de haut niveau. J’ai découvert le ski à 21 ans, les sorties le week-end en même temps à peu près. Je vis maintenant comme une vraie personne lambda, même si je n’étais pas vraiment professionnel et sans salaire. Mais je n’ai aucun regret, malgré les opérations. C’était un gros coup de frein, surtout quatre en l’espace de deux ans, mais j’ai eu de la chance en reprenant mes études assez rapidement. C’était un mal pour un bien, mais heureusement que ça m’est arrivé à 21 ans, parce qu’à 25 ou 28 ans, je ne suis pas sûr que j’aurais repris mes études. »

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