Mon ami du Racing - Racing Club de Strasbourg Alsace
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25/09/2018

Mon ami du Racing

Et voici soudain que mon meilleur ami me parle d’aller gagner à Marseille mercredi. C’est le même qui, à la mi-temps de Racing-Amiens samedi soir, tirait une gueule d’enterrement. « J’en peux plus de ces buts à la con à la 46e minute. J’en peux plus d’Amiens. On n’y arrivera jamais » pestait-il alors. Une heure plus tard, il me tombait dans les bras : « Putain, qu’est-ce que c’est bon ! Quelle mi-temps, quel caractère cette équipe ! ».

Mon ami est un supporter de toujours. Quarante ans qu’il squatte les quarts de virage. Il s’émerveille aussi vite qu’il déprime. Ses humeurs sont l’exact reflet du tableau d’affichage. Mais il revient toujours. Il aime le Racing. Au bout de la dernière nuit de l’été, au pied d’une buvette, il se laissait déjà aller à un début d’euphorie : « Si on pouvait gratter un petit point à Marseille et taper Dijon dans la foulée, on serait vachement bien ». Je lui ai pris sa bière : « Calme-toi. Profite. On a quatre points de plus que l’année dernière au même moment. Ca fait juste un peu de pression en moins pour aller à l’OM ». Du coup, il en a commandé une autre.

Ca s’est aggravé dimanche soir. Coup de fil vers 23 heures. « T’as vu ? Ca va mal à Marseille. Deuxième défaite de suite. En plus, Caleta-Car expulsé, Njie blessé et Rami toujours absent. Ca sent bon, ça sent bon ! ». La tornade verbale est bien pire que celle qui secoue les arbres au-dehors. J’essaie de le raisonner : « Ben, ça veut dire aussi qu’ils ne peuvent pas se permettre un nouvel échec. Il va falloir être très costauds ». Il admet : « T’as peut-être pas tort ».

Mercredi, on fait apéro-saucisses à la maison, devant la télé. Préparation traditionnelle d’avant-match. Causerie habituelle : « T’en penses quoi ? Ils sont bien ? Comment ont été les entraînements ? On change de système ? ». Je vais répondre, comme toujours : « J’en sais rien. Laisse venir. Tu sais, un match, ça bascule parfois sur pas grand-chose. Mais bon, c’est quand même Marseille ! T’as vu l’effectif ? Un blessé, un suspendu, ça change pas grand-chose. Même un match nul, ce serait un gros coup ».

Et, comme à chaque fois aussi, je lui ferai ma tirade préférée : « Tu vois mon gars, on est là devant un match de Ligue 1. C’est Marseille-Racing. Il y a pas longtemps, cinq ans seulement, tu te demandais si on vivrait assez longtemps pour revoir ça. Et on y est ! Alors, profite, profite ! Et dis-toi que si ça continue la saison prochaine, et celles qui suivent, ce serait déjà formidable ». Il va faire ses grands yeux ronds. Aux paupières, une petite larme peut-être. Il va s’approcher du frigo. « T’as de la bière ? ».

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.