Martin Djetou, du Krimmeri au Rocher - Racing Club de Strasbourg Alsace
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19/10/2018

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Martin Djetou, du Krimmeri au Rocher

On ferait un petit roman des 45 minutes passées en compagnie de Martin Djetou, un homme au cœur du Racing-Monaco de ce samedi. Puisque, pour lui, tout a commencé à Strasbourg, continué en Principauté, pour lui qui est revenu au Centre de Formation du Racing il y a quatre ans. Comme éducateur vingt ans après y être entré avec des rêves plein la tête.

À STRASBOURG, LE « FILS DE KESHI »

Il a fallu faire le tri. Se souvenir du jeune joueur, qui s’écrie « c’est là que je veux jouer » en passant devant la Meinau un jour qu’il venait d’affronter Strasbourg avec les cadets de l’US Créteil. Le garçon est solide. Il n’ira pas à Lens, ni à Bordeaux qui le contactent. Le regretté Max Hild, qui n’avait pas les yeux dans sa poche, est plus convaincant. Martin Djetou débarque, visite la ville avec Olivier Dacourt. « Le Racing a su m’accueillir » raconte l’enfant d’Abidjan. Le début d’une belle histoire. Une année pour survoler le championnat de France des U17 et c’est le grand pas. Il rigole : « Je me souviens quand Max Hild m’a présenté à Stephen Keshi en lui disant ‘c’est ton fils ». Premier contrat pro en 1994 après 27 apparitions et fini le temps des escalades nocturnes : « Au centre, en été, on sautait le mur pour aller jouer sur la pelouse de la Meinau, pieds nus pour ne pas abîmer la pelouse et ne pas se faire attraper ». La vie est belle et l’attaquant converti en milieu est pressé. Il aime Strasbourg et on le lui rend bien : « Oui, je crois que la Meinau m’aimait bien parce que j’étais un gars qui jouait avec le cœur, sans calculer et ce public apprécie cela ».

Il y a une finale de Coupe de France perdue en 1995 (0-1 face au PSG) qui laisse de l’amertume. Des dizaines de souvenirs, ce mano a mano épique livré à Marco Simone du Milan AC en Coupe d’Europe, tête contre tête aussi.

Puis le déchirement. Le Racing a besoin d’argent. Le président Roland Weller le convainc de répondre à l’appel de Monaco. Martin et sa compagne viennent de construire une maison à Hoerdt. « J’ai pleuré ».

À MONACO, « LE ROC » DU PRINCE

A Monaco, Martin Djetou sera champion de France deux fois (1997, 2000). Pour le Prince, il sera « le roc », pour Dado Prso, l’attaquant croate, ce sera le « bison ». Pour d’autres, « Djet ». Toujours prêt à décoller. Il y a le soleil, la mer. « C’est le petit qui va jouer » tranche Jean Tigana, l’entraîneur, annonçant ainsi sa fin de carrière à Claude Puel. Martin Djetou sera meilleur que jamais. L’équipe de France A lui ouvre ses portes. « Rien qu’y être était déjà un couronnement ». Six sélections. Il rêve de la Coupe du Monde et dit deux ou trois choses lourdes sur cette nuit où il a quitté Clairefontaine le cœur en charpie. Mais il le jure : « J’ai tiré un trait et j’ai été un supporter des Bleus durant toute la compétition ».

Son orgueil est immense. Demi-finale de Ligue des Champions. « On avait pris 4-1 à la Juventus à l’aller. Puis, je me suis blessé à l’entrainement. Dans L’Equipe, ils ont écrit que j’abandonnais mon équipe. J’ai finalement joué sous infiltration avec entorses au genou et à la cheville. Je ne sais plus si j’ai été bon mais abandonner ne fait partie de mon vocabulaire ».
Martin est le camarade de chambre de Thierry Henry qui « passait ses nuits sur Playstation ». Toutes les anecdotes ne sont pas publiables.

Racing-Monaco ce samedi. Un match qui résume les périodes essentielles de la carrière de Martin Djetou. Depuis quatre ans, il entraîne les U16 du Racing, on dirait un retour à la maison. Comme Thierry Henry, songe-t-il, un jour, à s’asseoir sur un banc professionnel ? « Je ne sais pas. Je ne me fixe pas de limites ».