Enfin ! - Racing Club de Strasbourg Alsace
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01/02/2020

Il s‘est levé tôt. Enfilé vite fait un pantalon, un pull, la veste en laine, les baskets. Un reste de nuit l’a accompagné à la boulangerie, de l’autre côté de la place. Une baguette, quatre croissants. Avant de rentrer, il a pris le journal dans la boîte aux lettres. Relancé les radiateurs. Il s’est installé dans la cuisine. Il a déjeuné, le matin est tout à fait venu. Le troisième cahier du journal, celui des sports. Les dernières infos, mercato fini, l’équipe probable, les paroles de Kevin Zohi et de Thierry Laurey, hier à la conférence de presse. Un coup d’œil sur la page rugby. Le « Crunch » demain. Il regardera.

9 heures. Le portable a vibré. Un texto. Pierrot. « Alors, prêt ? ». Il a tapoté : « Et comment, j’en pouvais plus ». Pierrot : « Moi non plus. Tu passes me chercher ? ». Lui : « Ok, 17 heures ? ». Pierrot : « Ça roule. Une petite bière et on y va ». Lui : « Voiture ? ». Pierrot : « Tram ». Lui : « Cool ».

Il s’est rasé de près. 10 heures. La maison s’est animée. Simone, les enfants ont traîné au lit. Julien viendra avec ce soir. « Alors, papa, tu crois qu’on peut gagner ? Lille, c’est des bons quand même. Il va jouer Waris ? Laurey, il va mettre qui derrière ? Je mets mon maillot Ajorque ? Il fera froid ? C’est à 8 heures ? ». Bombardé de questions. Il a résumé : « On va gagner ». Julien a souri. Rassuré.

Le déjeuner. Une petite promenade en famille vers la rivière derrière les immeubles. Une sensation presque oubliée monte en lui maintenant. Un mélange de plaisir et d’excitation. Les heures deviennent longues. Il s’attarde sur le canapé, tue le temps en zappant, un peu de Bologne, un peu de Liverpool. Le moment arrive enfin, entre chien et loup.

Il s’habille, prend Julien par la main. Ils marchent sans parler. Un gros quart d’heure jusque chez Pierrot qui attend déjà sur le trottoir. L’accolade. Pierrot s’est entouré de son écharpé fétiche, celle de la finale de Lille. Il se la joue vestiaire du Racing : « Putain, ça va chier ».

Le tram. Bondé. Ils contournent le McDo, tous les trois. La foule enfle, bruisse. La Meinau se dresse dans un halo de lumières. Aux arbres nus, pendent les guirlandes joyeuses. L’odeur des tartes flambées comme un parfum trop longtemps dissipé. Ils montent les marches et l’arène surgit, inchangée, éblouissante. Le Kop chante déjà, c’est plein. Au micro, Filser chauffe la salle. « It’s coming home » résonne. Les joueurs arrivent. Ils s’alignent puis s’éparpillent. 1er février 2020, 20 heures. La Meinau rugit. 42 interminables jours plus tard.

Cet article a été rédigé par :
Jean-Marc Butterlin

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.