Voyage dans l’inconnu

On dirait qu’un voyage dans l’inconnu commence ce dimanche à Lorient. Il commence, et c’est déjà bien. Mais il nous emporte dans un monde nouveau et incertain, sans réelle garantie, où avant de compter le nombre de points gagnés ou perdus, il nous faut guetter d’abord celui des contaminations. Celui-ci a déjà bouleversé l’ordonnancement de la première journée de Championnat.

Rien n’est plus comme avant. A la maison, au café, au bureau et même dehors, dans la rue. Nous avançons masqués, en nous saluant du coude. Nous essayons de nous protéger, de veiller aux autres. Nous avons pris nos distances avec tout ce que nous aimons, les amis que nous prenions dans nos bras, ce voisin de stade, un inconnu parfois, que nous enlacions à corps perdu, les soirs de victoire.

Les euphories nocturnes, on l’a vu cette semaine, deviennent sujet à polémiques. Mais le football est notre domaine de déraison depuis toujours, cet endroit où un autre nous-même se révèle soudain. Il nous est demandé de fêter une finale, un morceau de tissu sur le nez, à un mètre de distance. L’équation est aussi nécessaire qu’impossible.

Alors, la Ligue 1 reprend, précautionneuse, avec une visibilité réduite, soumise au verdict des docteurs et aux décisions des préfets. Le calendrier est déjà un casse-tête. Mais elle reprend. Prions pour qu’elle résiste, qu’elle prolonge cette joie de revoir nos gars sur un terrain, se battre pour arracher des points, jouer, nous ramener à des sensations perdues. Même si, pour la plupart d’entre vous, ce sera d’abord devant la télé.

En d’autres temps, j’aurais volontiers qualifié de test ce premier match de Championnat chez le promu breton. Le mot serait mal choisi. C’est déjà une délivrance. Et, si tout va bien, un peu plus que ça.