Thierry Laurey honoré avant RCSA-Amiens SC - Racing Club de Strasbourg Alsace
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08/09/2017

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Thierry Laurey honoré avant RCSA-Amiens SC

Ce samedi 9 septembre avant le coup d’envoi de RCSA-Amiens SC, Thierry Laurey recevra le trophée des Éducateurs AEF – My Coach de Ligue 2 saison 2016-2017 des mains du Président de l’Amicale des Éducateurs de Football Jean-Marie Lawniczak et Jacques Berthomier secrétaire général.
Le coach strasbourgeois a été plébiscité par les 8 000 adhérents comme l’entraîneur de Ligue 2 (saison 16/17) le plus représentatif des valeurs éducatives que prône l’Amicale. Pour faire suite à cette distinction, Thierry Laurey avait accordé une interview au magazine “L’Entraîneur Français” paru en juin dernier…

Thierry, quel est votre regard sur l’Amicale des Educateurs de Football ?

Je trouve que c’est une bonne chose. Cela permet à tout le monde de partager, c’est primordial. Le sport en général, mais le football en particulier, ça doit être une source d’échanges et de partage.

En tant qu’entraîneur pro, c’est important de pouvoir partager son savoir ?

Bien sûr ! D’une part, parce qu’on sait que lorsqu’on est au niveau professionnel, on nous regarde avec les yeux qui brillent. On a alors un devoir d’exemplarité. Et ensuite, dans mon cas personnel, j’ai toujours plaisir à discuter avec des éducateurs de jeunes, des entraîneurs. Ils me posent des questions, veulent savoir comment ils peuvent aborder une situation particulière et éventuellement la solutionner. On n’est pas là pour donner des leçons, on est là pour aider les gens et essayer de faire en sorte que tout le monde puisse tirer profit de l’expérience de chacun.

Justement, quels éducateurs ou entraîneurs vous ont donné l’envie de pratiquer ce métier ?

Quand j’ai commencé le football, à 7-8 ans, j’ai eu la chance de tomber sur un super éducateur. Il m’a donné l’envie et le plaisir de jouer au football. C’est quelqu’un qui était présent avec nous, il faisait des sacrifices pour nous. Parfois, je vois des éducateurs qui passent plus de temps à crier sur le bord du terrain qu’à partager une passion avec des gamins. C’est regrettable. J’ai eu la chance de vivre des bons moments jeune, ça aide. Ensuite, durant mon parcours, j’ai rencontré différentes personnes dont je me suis nourri tout simplement. Aujourd’hui, je parle avec plaisir de Silvester Takač que j’ai rencontré à Sochaux. Il m’a marqué en tant que joueur. Il y a aussi Jean- Louis Gasset avec qui j’ai commencé sur un banc en tant qu’entraîneur adjoint à Montpellier. Ce sont des gens qui sont ouverts à tout et qui sont d’une compétence rare. Avec eux, si tu n’es pas trop idiot, tu arrives à retenir le meilleur.

Si vous deviez vous définir, quel genre d’entraîneur êtes-vous ?

Ce n’est pas évident de se juger. On est dans un monde professionnel donc le minimum c’est d’avoir une certaine rigueur et de la bonne humeur. Quand on est sur le terrain c’est de la concentration et de la rigueur de façon à travailler et progresser. Il est important que chaque entraînement apporte quelque chose. Puis, il faut cette dose de bonne humeur en dehors. Une équipe de football, c’est comme une famille. Je veux que les joueurs viennent à l’entraînement le matin en ayant le sourire.

Si on analyse votre saison avec Strasbourg, on peut se dire que vous êtes un entraîneur tourné vers l’attaque…

Non, pas spécialement. C’est les circonstances qui ont fait que, mais aussi les joueurs. La saison dernière, avec le Gazelec Ajaccio on était en difficulté, ons’était dit qu’il fallait prendre des points. Pour cela, il fallait gagner des matchs et pour marquer, il faut du monde devant. On a donc décidé de basculer en 4-4-2 en losange, un système qui a plutôt bien fonctionné. Cette année, avec Fabien Lefèvre, mon adjoint depuis l’an dernier, on a choisi de reproduire ce schéma à Strasbourg. Au début de la saison, c’était un peu difficile. C’est toujours compliqué quand tu arrives dans un nouveau club, avec un nouveau système et une nouvelle philosophie de jeu à mettre en place. Les joueurs ont fait un gros travail durant la préparation pour être respectueux de ce schéma. Enfin, ils se sont bien adaptés à ce 4-4-2 et ont réussi à se l’approprier.

À votre arrivée, vous avez bâti votre groupe autour de ce système de jeu ?

On a recruté des joueurs par rapport à ce système de jeu et on a gardé des éléments de la saison passée en se disant que c’était des joueurs qui pouvaient s’exprimer dans ce système-là. Il nous est arrivé de changer par obligation, parce qu’il nous manquait un certain nombre de joueurs ou par rapport à l’adversaire. Mais c’est sûr qu’on a défini un système de jeu et on a réalisé le groupe en fonction. Il y a eu aussi des reconversions. Je prends l’exemple de Jérémy Grimm. L’an dernier l’équipe jouait avec des « six », il jouait donc justement devant la défense. Cette année, on l’a positionné seul dans ce rôle. Ce n’est pas la même chose, il a fallu s’habituer. Dimitri Liénard qui était un joueur offensif, on l’a reculé pour le mettre dans un milieu en losange à gauche. Ce sont des garçons qui avaient les qualités pour s’adapter, mais aussi l’intelligence de se remettre en question et de progresser.

Vous avez connu le National, la Ligue 2 et la Ligue 1. Quelles différences y a-t-il entre ces championnats ?

En National, il y a beaucoup de duels, il y a plus de jeu direct. C’est parfois compliqué si on n’a pas de gabarit. En Ligue 2, il n’y a pas trop de différences. C’est ce que j’avais dit à mon président en arrivant à Strasbourg et on s’aperçoit que la saison me donne raison puisque deux promus se retrouvent à jouer les premiers rôles (Strasbourg et Amiens, ndlr). Cela veut dire qu’il n’y a pas une grande différence, mais il y a quand même une petite adaptation à avoir et un peu plus de rigueur aussi bien défensive qu’offensive. Le gros delta, il est entre la Ligue 2 et la Ligue 1, on doit avoir plus de puissance, plus de qualité de technique, plus de maîtrise dans le jeu. Il y a des équipes, cette saison, comme Brest, Troyes ou encore Lens, qui se rapprochent plus d’une équipe de
Ligue 1 dans le jeu.

Après votre saison avec le Gazélec au sein de l’Elite, vous saurez anticiper cette différence de niveau…

Complètement. Il est clair que cette expérience-là sera primordiale. Cela nous permettra d’avoir cette vision de la Ligue 1 où tout va plus vite. Quand vous perdez un ballon en Ligue 1, c’est un but à presque tous les coups.

Vous avez fait monter le Gazélec jusqu’en Ligue 1, vous réitérez ça avec Strasbourg. Vous êtes cet entraîneur qui fait monter une équipe…

Je ne sais pas si les présidents me voient comme ça, mais on a eu aussi un peu de réussite ces derniers temps. Quand j’ai débuté à Amiens, je suis descendu par exemple. Avec l’expérience, l’accumulation des matchs, on grandit. Il faut être capable de se nourrir de ses échecs. Il faut assumer ses responsabilités quand ça fonctionne et quand ça ne fonctionne pas. Au Gazélec, pendant deux ans, ça a bien marché en montant jusqu’en Ligue 1, mais l’an dernier c’était plus compliqué. Cependant, on s’est accroché, on a cherché des solutions. Des dirigeants aux joueurs, tout le monde a donné le maximum. La marche la plus compliquée à atteindre, c’est le maintien en Ligue 1.

Vous avez la particularité d’avoir connu tous les niveaux en tant que coach puisque vous avez entraîné des équipes de jeunes, en CFA ou encore en Ligue, quel conseil vous donneriez aux éducateurs qui débutent ?

L’objectif quand on est entraîneur est de grimper les échelons sans bruler les étapes. J’ai eu la chance de démarrer avec Jean-Louis Gasset en Ligue 1, on avait fait une saison correcte. C’est bien d’avoir débuté sur un banc en Ligue 1 juste après ma carrière de joueur, mais partir entraîner des jeunes, ça m’a permis de m’épanouir. C’est très formateur. Il ne faut pas avoir peur de partir d’un échelon un peu plus bas, de prendre son temps et d’être capable de grandir progressivement. Ce qui est important, c’est d’être capable de rebondir lors de son premier échec, il faut se préparer à ça. Il faut toujours avoir l’humilité de se poser les bonnes questions, de prendre du recul et d’y apporter les bonnes solutions. C’est important d’entretenir une bonne relation humaine avec ses dirigeants et son staff. Cela se ressent sur les résultats.