Si loin, si près ! - Racing Club de Strasbourg Alsace
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11/05/2017

Si loin, si près !

C’est leur dernier voyage. Ils sont partis hier en avion, une rareté cette saison. Ils ont survolé la France d’est en ouest. L’ultime traversée s’est emplie de symboles. On se souvient peut-être que, d’un été au printemps suivant, le vol a parfois été tourmenté. Le décollage pour se retrouver, petit à petit, au-dessus des autres a d’ailleurs épousé l’alignement des saisons. Le dernier rendez-vous avec l’hiver (Brest, 4-1, le 11 mars) a été l’instant où ils ont déployé leurs ailes, entamé leur ascension. Ils savent le prix du voyage et sa sueur. Ils connaissent le principe de l’altitude et la douceur perfide de ses vertiges.

Car l’instant de l’atterrissage revient toujours, hebdomadaire, répétitif, ramenant inexorablement à la petitesse de nous-mêmes, au ciel qui nous surplombe. Ici, soudain, un nouveau combat s’annonce. A Niort, ils sont face à la pénultième campagne, au ras des champs, obligeant, encore et toujours, à descendre vraiment de leur nuage pour ne pas s’enivrer de son confort. Il n’y aura pas, tout à l’heure, ceux d’en haut et ceux du milieu. Niort, battu deux fois à la Meinau, (1-0 en Coupe de la Ligue, 3-0 en championnat), veut saluer le peuple de René-Gaillard par une virevolte finale et revancharde.

Ils savent tout ça, quatre jours seulement après l’investissement énorme consenti en terre lensoise (1-1). Ils savent l’énergie à chercher au fond d’eux-mêmes, l’humilité indispensable face à leur destin. Le droit au ciel passe par l’engagement terrestre et ordinaire d’une troupe unie dans son horizon ponctuel. Ils savent, oui ils savent et se le répètent sans cesse que demain n’existe pas encore. Demain sera le prolongement d’un vendredi à saisir de toutes leurs forces.

Que savent-ils encore ? Que, par dizaines de milliers, les Alsaciens les regarderont ce soir. Au Rhénus, devant un écran géant, ou, plus simplement, chez eux collés au hublot rectangulaire du salon. C’est aussi le dernier voyage cathodique du peuple bleu. Qu’ils y pensent très fort en marchant vers le pré tout à l’heure, à eux, les gens comme dirait l’autre, qui rêvent d’un paradis à portée de main. Si loin et si près à la fois, comme un souffle puissant qui traversera la France lui aussi.

Je vous dis à la semaine prochaine !

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.