Si loin, si près ! - Racing Club de Strasbourg Alsace
Retour

21/08/2018

Si loin, si près !

Les vacances, c’est bien. C’est un peu loin, aussi. C’est une mer turquoise, une glissade paisible, d’île en île, le long des rivages de la Croatie qui est bien plus que la victime finale d’une Coupe du Monde. Un pays magnifique où on ne vous en veut pas trop d’être français. A condition, bien sûr, de ne pas se mêler au groupe de jeunes pas très malins, chantant « Allez les bleus », torses nus, devant une terrasse bondée de Split. Mais ce n’est qu’un détail navrant.

Un dimanche après-midi. Le ferry nous emmène de Split vers l’ïle de Brac qui se prononce « Bratche » comme pour vous rappeler que c’est jour de match. Celui-ci a déjà commencé à l’embarquement. « Tu fais quoi ?» me demande-t-elle, voyant que je tripote soudain un téléphone auquel je ne touche pas depuis trois jours. J’avoue tout, tout de suite. « C’est la première journée, on joue à Bordeaux ». « Ah oui, ton Racing » soupire-t-elle sans colère, même pas grinçante. Elle n’est pas foot du tout, le coup de tête de Zidane à Materazzi représentant l’essentiel de sa culture transalpine en la matière. Je l’ai emmenée deux ou trois fois à la Meinau lors de ses escapades alsaciennes.

Donc. La conversation. Moi : « Yesss ! On est à onze contre dix ». Elle : « Magnifique. On voit presque le fond ». Moi : « Ben non, au contraire, c’est bien ! ». Elle : « L’eau est presque transparente ». Moi : « Il faut qu’on en profite ». Elle : « Tu as raison, on ira se baigner dès qu’on arrive ». On frôle la terre qui renvoie sa blancheur. Ouf, on capte bien. Je bondis : « But d’Ibou ! Sissoko ! 1-0 ! Super ! ». Elle : « Fais gaffe, tu as fait tomber ma valise ». Moi : « 1-0, ça me va, pas besoin d’une valise ». Elle : « On arrive. On est tout près d’accoster ». J’explose: « Da Costa, Da Costa ! ». Elle : « Ton italien ne s’améliore pas ». Je renonce. Elle : « Ca y est. On descend. C’est Bol ». Moi : « Non, pas du bol, c’est mérité ». Elle : « Non, on est arrivé à Bol ». Moi : « C’est beau ».

Dimanche suivant. Le dernier des vacances. Sur les hauteurs de Dubrovnik. Trois heures. Soleil de plomb. Vue féérique. Moi : « Yesss ! On est à onze contre dix ». Elle : « C’est comme ça tous les dimanches ? ». Les escaliers sont raides. Moi : « Gonçalves ! Gonçalves ! ». Une famille portugaise se retourne, le monsieur me salue. Elle : « Tu les connais ? ». Je regarde mon téléphone sans arrêt. Encore cinq minutes. Moi : « Merde, 1-1 ». Elle : « Tu as oublié la bouteille d’eau ! C’est nul ». Moi : « Ouais match nul, mais quatre points en deux matches, c’est un bon début ».

Ainsi va la vie en vacances, si loin, si près du Racing. Certains se seront reconnus, peut-être, On finit par rentrer. Vendredi, c’est Lyon. 20 h 45. Le voyage continue. Moins loin, tout près.

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.