Lienard : « Contre le Racing, j’ai eu des frissons pendant le match » - Racing Club de Strasbourg Alsace
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09/07/2013

Lienard : « Contre le Racing, j’ai eu des frissons pendant le match »

Le tour des premières recrues du Racing se poursuit avec Dimitri Lienard, l’attaquant qui nous vient du FC Mulhouse. Elu meilleur joueur du FCM, la saison passée, par les supporters du club, Dimitri, né le 13 février 1988 à Belfort, raconte le parcours atypique qui l’a conduit à franchir les portes du National. Les vents n’ont pas toujours été favorables mais Dimitri n’a jamais lâché la barre.

Pour Dimitri, une première fissure  écaille sa vie de jeune footballeur à l’heure où il va sur ses quinze ans. Il est pensionnaire du Centre de formation du FC Sochaux depuis deux ans et demi quand tombe la mauvaise nouvelle : il n’est pas conservé au club à la marque du lion. « Un moment très difficile, se souvient Dimitri. Après des débuts, à huit ans, à Sermamagny, le club de mon père, puis trois ans à l’ASM Belfort, j’avais intégré le centre de Sochaux à douze ans, j’étais alors logé dans une famille d’accueil. Mais, à l’époque, on privilégiait les gars costauds. Moi, j’étais petit, les duels devenaient compliqués, je crois que j’ai payé pour ça ».

L’agilité de la patte gauche du Franc-Comtois ne suffit donc pas. L’âme en berne, Dimitri retourne à Sermamagny comme un passage obligé par une manière de  purgatoire. Il va connaître bientôt la première division de district, la DH. A seize ans, il intègre l’équipe première, empile les buts et les passes décisives. Son royaume, déjà, s’étend le long des lignes de touche, à droite ou à gauche. L’avenir, lui, reste en pointillés mais la nature veille : « J’ai soudain pris vingt centimètres en un an et mon père fait alors en sorte que je retourne à l’ASM Belfort. Là, on réussit la montée de DH en CFA 2, puis en CFA ». Mais le grand monde est encore une chimère : « J’avais un emploi au rayonnage dans un magasin Super U, je commençais à cinq heures du matin. C’était boulot, foot, dodo ». Le président belfortain lui offre alors un CAE (Contre d’Accompagnement dans l’Emploi) au sein du club. « C’était mieux mais mes rêves étaient ailleurs ».

«  CROCI ME GLISSE : “TU SAIS CE QU’IL TE RESTE A FAIRE” »

Dimitri se prend donc par la main : « J’ai appelé Laurent Croci, l’entraîneur de Mulhouse, un Franc-Comtois comme moi puisqu’il est de Montbéliard. J’ai laissé un message. Il m’a rappelé vingt minutes plus tard. L’affaire était conclue ».  C’est, en fin de compte, une belle saison, ponctuée de sept buts et d’une dizaine de passes décisives, d’une présence continuelle dans le onze de départ. Un homme clé qui fait le voyage, tous les matins, de Belfort à Mulhouse, dans la voiture de son entraîneur : « On en profitait pour parler de mon jeu, ça m’a permis de progresser ».

Les allures de ce joueur, pur gaucher, à la technique facile, n’échappent pas, alors, au regard de François Keller. L’amitié qui lie Croci à Christophe Remmp, notre actionnaire chargé du lien avec le sportif, va faire le reste. Le vent tourne enfin dans le bon sens. A quelques matches de la fin, Dimitri sait l’intérêt du Racing, que ce soit en CFA ou en National : « Je me souviens qu’avant de monter sur la pelouse de la Meinau, pour le derby Racing-FCM, Croci m’a glissé “tu sais ce qui te reste à faire” ». Ce match est gravé dans la mémoire du jeune Belfortain : « Cette ferveur, ces 20 000 supporters, je me suis dit c’est pas possible. Quand les gens ont chanté “Aux armes, aux armes”, j’ai eu des frissons pendant le match. Ça m’a donné des ailes même si j’étais dans l’équipe adverse ».

C’est devant sa télé que Dimitri suit l’ultime levée du Racing contre Raon l’Etape (3-2). « Ca y est, je suis en National » s’est-il écrié lorsque l’étouffant suspense a pris fin. Mais il sait déjà que le plus dur est devant, qu’un autre palier doit être franchi, qu’il va falloir convaincre tout le monde, entraîneurs et coéquipiers, supporters aussi : « J’ai payé pour savoir que la roue tourne très vite, qu’il suffit d’un début de saison raté pour que tout se complique. Mais je n’ai rien à perdre ». Bon tireur de coups-francs, le nouveau Strasbourgeois semble s’être fondu rapidement dans l’univers du Racing. On devine chez lui un fond de sensibilité, comme un besoin d’être aimé. « A Mulhouse, c’était formidable avec le kop du stade de l’Ill. C’est vrai, ça me survolte de sentir les gens derrière moi, derrière l’équipe ». Dimitri Lienard peut jouer sur les deux ailes. Il est équipé pour s’envoler.