L’heure des braves - Racing Club de Strasbourg Alsace
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26/03/2019

L’heure des braves

Ce sera la nuit la plus courte de l’année, de toute façon. Une nuit où il sera trois heures à deux heures du matin, ce moment de l’année où le temps s’accélère et prend sa mesure estivale. A cet instant, quand Lille sera plongée dans le noir, nous saurons déjà dans quelle sorte de nuit le Racing et Guingamp se seront enfoncés. Pour qui les heures seront joyeuses. Pour qui elles seront douloureuses. Il n’y aura pas d’été pour tout le monde.

Depuis le 30 janvier, nous comptons les heures. 1416 longues heures entre la fin d’un Racing-Bordeaux de feu et le début d’une finale où Alsaciens et Bretons seront au pied de leur destin. En quête d’une heure de gloire qui ne se partage pas. Il reste quelques jours, les plus interminables de tous.

Ce sera une bataille unique, sans passé, égale. Un rendez-vous qui balaie les statistiques, le sens d’un classement et des séries en cours. Le Racing et Guingamp marchent l’un vers l’autre avec le même sentiment du possible, la même conviction de pouvoir faire tourner les aiguilles dans le bon sens. Il devrait y avoir Paris, Lyon ou Marseille. Mais ces deux équipes-là, aussi têtues l’une que l’autre, ont expédié le grand monde avec fracas, montrant déjà combien, le temps d’un match, elles savent provoquer les basculements les plus insensés.

Mes amis, comment oublier, maintenant, ces sept années où le Racing a déjà basculé d’un monde à l’autre. Où nous avons dû traverser la France des villages pour retrouver celle des villes de lumière, et parvenir aux portes de l’Europe. Je revois tous ces gars qui ont porté le maillot du Racing. C’est une longue chaîne indivisible qui a fait le boulot, retourné la terre. Permis à ceux d’aujourd’hui de rêver plus grand. De labourer, à leur tour, le champ d’un temps nouveau.

Le combat sera sans merci, sans favori. Il sera sur le terrain. Il sera dans les travées aussi. Le Stade Pierre-Mauroy sera peint d’un bleu furieux. Par dizaines de milliers, les supporters alsaciens vont converger vers le Nord de la France, remplir les voitures et les trains. Nous le savons, le peuple alsacien sera largement majoritaire, en route pour un soir qu’il attend depuis quatorze ans et qu’il n’imaginait sans doute pas surgir si vite, à l’aube d’un septennat entre enfer et paradis.

Rien n’est dit, rien n’est écrit. Tout est encore à faire. Ensemble, sans une seconde de répit, prêts à tous les efforts, les souffrances peut-être bien. Nous rêvons d’une Coupe, à Lille où convergent soudain les vents de l’Est et de l’Ouest. C’est un immense rendez-vous pour le Racing et son histoire. Une convocation à l’indispensable don de soi, qui sera un don pour tous. A 21 h 05, samedi, sonnera l’heure des braves. Pour que la nuit la plus courte de l’année devienne aussi la plus belle et la plus blanche.

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.