Les hommes de l’ombre - Racing Club de Strasbourg Alsace
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01/06/2016

Les hommes de l’ombre

Depuis un passage du CFA2 au CFA franchi avec aisance en 2012, jamais nous n’avons cheminé aussi insouciants vers un dernier match de championnat. C’est en champion que le Racing reçoit Dunkerque dans un glissement délicieux vers un monde retrouvé. Nous n’aurons pas à envahir les Vosges pour un ultime combat, nous n’attendrons pas jusqu’au milieu de juillet pour savoir si c’est le malheur d’un autre qui sauvera notre peau, nous ne rentrerons pas chez nous plus vaincus que vainqueurs en ayant mis Colomiers de côté pour du beurre.

Sans se presser plus que ça, jouant un peu trop longtemps avec nos nerfs et les leurs, Jacky et les siens ont fait le boulot. La cérémonie d’adieu au National se déroulera dans un temple comble où il ne sera pas nécessaire de prier pour le salut. Une nuit de bruit et de lumière s’avance dans laquelle s’estompera la silhouette carrée d’un homme qui part la tête haute, à qui la reconnaissance du peuple bleu et blanc est désormais acquise à jamais. Jacky Duguépéroux retourne à ses chevaux. Il laisse l’écurie aussi propre qu’un palais. Il vient de prendre une place considérable dans l’histoire du Racing. Nous saurons le saluer comme il se doit.

Un match qui ne  prend pas la  tête devient un moment pour savourer, pour se souvenir aussi. Ernest Seka et sa bande ont mérité l’ovation immense que réservera le kop. Ils viennent de parachever le chapitre essentiel d’un retour réussi au professionnalisme. A eux les flonflons, les bouquets et le champagne. Ils sont, ici, le dernier maillon d’une chaîne humaine qui relie l’enfer au paradis.

Car nous devons, je crois, associer au triomphe toux ceux qui, ces cinq dernières saisons, ont petit à petit balisé la route du renouveau, semant la graine sur des champs improbables. Ce sont les pionniers du retour à notre dignité. Je me force beaucoup à n’en citer aucun par peur d’en oublier un seul mais ce sont ceux d’Yzeure, de Grenoble, d’Epinal par exemple. Ils ont beaucoup marché à l’ombre et serré les coudes, eux aussi, pour autoriser l’embrasement du moment.

Merci à vous tous, les gars. Et merci à François Keller et ses fidèles Sébastien Roi et Guy Feigenbrugel que je revois, passant douze heures par jour dans le ventre de la Meinau, à reconstruire sur des ruines avec une conscience et une humilité sans fin. La gloire a des enfants cachés qui méritent d’être reconnus à leur exacte valeur. Ils ont leur place au même étage que les champions de 2016. Soyez fiers de vous, héros de Raon et d’ailleurs ! Si, ce soir, nous marchons sur Dunkerque le cœur aussi léger, c’est parce que nous avons eu la chance de vous trouver sur notre route.

Je vous dis à la semaine prochaine !

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.