LES COUPS FRANCS DE BUBU – Mauvais Français - Racing Club de Strasbourg Alsace
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05/03/2013

LES COUPS FRANCS DE BUBU – Mauvais Français

Bon, j’avais bien fait de la ramener mardi dernier, de réveiller l’enthousiasme, de chasser les mauvaises ondes après Nancy. On a dégommé Villefranche. A partir de là, comme dirait Laurent Blanc, je la ferme et je laisse faire les gars à François. Tout est dans le geste et l’intention : comme disait l’autre, on peut échouer mais pas sans avoir élevé son âme et tout tenté pour gratter les territoires. Un 4-0, ça ne tombe pas du ciel, une montée a fortiori non plus, c’est même plutôt le chemin inverse. Mais voilà, c’est la bagarre et l’envie d’aller devant qui vont faire la différence.

J’arrête là, je passe à Beckham. Quoi ? Encore lui ? Non, c’est juste un prétexte. Mais un bon. Dans le seul pays d’Europe où on s’étonne encore qu’à 37 ans, on puisse encore jouer au plus haut niveau (je vous salue Maldini, Scholes, Giggs ou Seedorf, parmi d’autres), le callipyge Britannique a visiblement  trouvé plus qu’étrange une de nos coutumes cryptées, que je trouve personnellement d’un ridicule accompli. Je parle de l’irruption du journaliste, plutôt de son clone, sur le banc des joueurs. L’autre soir, remplacé à quelques minutes de la fin de Paris SG-Marseille, notre sémillant David a vu débouler et s’asseoir à ses côtés un zébulon sautillant avec son micro. Dans ses yeux, j’ai lu la peur (un terroriste ?), puis l’agacement (même pas une vraie réponse), la stupeur pour finir quand il a interrogé ses coéquipiers du regard genre : « C’est quoi ça, ces gens sur notre plongeoir ? ». Regards gênés de la fratrie, habituée à ce cirque et priée de faire profil bas, enfin quoi c’est qui qui paie au fond, c’est nous la chaîne, « on fait complètament ça que l’on veuille », comme dirait Da Fonseca.

Joueur et entraîneur c’est beaucoup plus difficile en France qu’ailleurs. Zébulon veille. Fonce vers le banc de droite : « Il reste un quart d’heure, vous menez 3-0, votre adversaire n’a pas existé, je crois que je pense que vous êtes contents ? ». Ils le sont en général. Le 10 d’en face sort. Petit sprint : « Alors machin, il reste un quart d’heure, 3-0 c’est dur, votre adversaire a quand même eu pas mal de chance, ha, ha, ha ! Vous êtes déçus ». Là encore, ils le sont toujours. Moi, j’aimerais bien voir ce que ça donnerait en Angleterre, en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Allez donc fourrer un micro en plein match sous le nez de Ferguson, Mourinho, Wenger, Heynckes ou Conte ! Je pressens que ça les amuserait beaucoup. Je me dis qu’ils ont autre chose à faire, leur travail par exemple, et qu’ils n’ont pas vraiment le temps et surtout pas l’envie de débattre au bord du terrain. Voici pourquoi Beckham a été étonné. Moi, ça m’énerve depuis toujours. Mais je suis peut-être un mauvais Français.

Je vous dis à mardi prochain.
Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal “L’Alsace” et Grand Reporter au journal “L’Equipe”. Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg.