LES COUPS FRANCS DE BUBU – La petite fille sur le banc - Racing Club de Strasbourg Alsace
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24/09/2013

LES COUPS FRANCS DE BUBU – La petite fille sur le banc

Je n’ai plus allumé ma télé depuis trois jours déjà et je suis toujours vivant. J’ai passé mon dimanche avec les enfants dans le jardin, bercé par l’été indien, et j’ai enfin touché au terme d’un bouquin qui traînait au salon. Lundi est arrivé sans prévenir, aussi lumineux que la veille, et j’ignore le nombre d’attentats commis dans le monde. Toutefois, comme je ne suis pas seul au monde, je sais que Paris et Monaco ont fait match nul et que Tony Parker a hissé les basketteurs français sur le toit de l’Europe. La terre a donc tourné sur son axe en boucle d’actualité mortifère, ahanée de chaînes en chaînes sur le mode unique de notre époque et le sport y aura imprimé sa part de joie, glorieuse et éphémère. Je vous raconte ça et il serait assez normal que vous vous demandiez où je veux en venir, ou plus probablement que c’est tout à fait sans intérêt.

C’est que, attardé dans les salons de la Meinau, longtemps après le match nul du Racing contre Luçon (1-1), quelqu’un m’a demandé ce que je pourrais bien écrire dans ma chronique de ce mardi. Me suggérant de parler d’autre chose, qu’il y avait des soirées à oublier tout simplement. Je suis ce conseil à la lettre, je parle du temps qu’il fait et de celui qui passe, le mien et le vôtre. Je n’ai pas de colère après le mauvais match de nos joueurs, j’ai déjà effacé de ma mémoire quelque énervement entendu ici et là. J’ai été triste. Comme vous sans doute. Mais c’est la vie, c’est le cours d’une saison où on dirait que parfois les jambes n’avancent pas plus que les idées et que les gars ne sont pas les mêmes que quinze jours plus tôt au même endroit.

Alors, je zappe, j’attends des jours meilleurs qui viendront forcément. Je pense à la petite fille qui avait perdu son papa et qui a passé la fin de la première mi-temps sur le banc des joueurs. Voici un souvenir pour la vie qui vaut bien tous les points perdus. Elle a dû faire de grands yeux la gamine avec ce monsieur qui crie après les autres, ceux qui courent, et l’autre monsieur avec son micro qui chante même pas. Son papa est venu la chercher à la mi-temps et il paraît que la petite, elle serait bien restée encore un peu. C’est juste que chacun observe les choses de son propre balcon, avec les yeux du supporter mécontent ou avec ceux d’une enfant émerveillée par son aventure. On a perdu deux points, on en cherchera d’autres. Mais je ne rallume pas ma télé.

Je vous dis à la semaine prochaine !
Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal “L’Alsace” et Grand Reporter au journal “L’Equipe”. Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg.