LES COUPS FRANCS DE BUBU – La lettre que tu ne liras pas - Racing Club de Strasbourg Alsace
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09/07/2015

LES COUPS FRANCS DE BUBU – La lettre que tu ne liras pas

« Cher Max Hild. Comment ne pas penser à toi alors que nous allons venir chez toi, à Weyersheim, samedi, pour ce joli match amical contre la réserve du Bayern Munich. Tu es parti le 29 mars 2014 et tu aurais aimé cette chose, toi qui adorais tous les footballs et le football allemand en particulier. Tu aurais serré mille mains comme d’habitude et souri à tout le monde, comme toujours. Ton regard si bleu et ton sourire, ta bonne humeur, tout ça était merveilleux. Tu avais cette empathie envers les autres qu’on ne rencontre pas tant que ça, je dois dire. Ceux qui, comme moi, ont eu si souvent le bonheur de te côtoyer savent la richesse de ton âme. Tu demandais toujours des nouvelles de la famille, des amis.  Tu étais riche de toutes les manières possibles.

Tu as merveilleusement enrichi le football aussi. A la Meinau, je croise tes enfants tous les jours : Marc Keller, Martin Djetou, Alex Vencel que tu as convaincu de prendre le chemin du Racing. Ils sont trois parmi tant que tu as dénichés, aux quatre coins du monde. La liste est longue, très longue de ceux qui n’ont pas échappé à ton œil si perspicace. Tu nous manques tellement. Tu savais juger un joueur comme personne. Je t’ai parfois demandé ta recette et tu rigolais alors ! Tu m’as dit un jour, avec ton accent appuyé : « Bubu, tu sais, je ne suis pas un magicien. Il faut voir un joueur plusieurs fois. Et moi, ce qui m’intéresse c’est quand il est dans un mauvais jour. Là, tu apprends beaucoup sur lui, sur son comportement, son attitude dans la difficulté. Quand tu observes un attaquant et qu’il marque cinq buts, c’est facile. Même un aveugle le prendrait ». J’ai pensé à cette phrase durant ma carrière de journaliste. Tu m’as appris à fuir les jugements définitifs, à ne pas cataloguer un joueur trop vite. Tu m’as aidé moi aussi. Tu ne liras pas ça, mais je t’en remercie vraiment.

Tu as inspiré tant d’entre nous. Arsène Wenger, Raymond Domenech et Marc Keller, pour ne citer qu’eux, te doivent tant. Ton avis était clair et décisif. Nous irons à Weyersheim, le cœur gros, en pensant à Charlotte, ton épouse, à Patrice, ton fils, le président de Weyersheim, qui perpétue ton amour du football avec un bonheur équivalent.

Cher et inoubliable Max, comme j’aimerais au détour du stade apercevoir ta silhouette ronde et cette mèche un peu folle que tu avais du mal à ramener à ton crâne dégarni. Tu m’emmènerais à la buvette prendre une petite bière et tu me raconterais ta dernière partie de pêche avec les copains du village. Tu me dirais, après le match, ce que tu penses de ce Racing-là qui a enfin retrouvé les valeurs que tu partageais. Tu ne quittes pas nos mémoires. Ce fut un jour terrible que celui où tu nous as laissés, ce jour où comme tu disais, au travers de ces expressions qui n’appartenaient qu’à toi, tu as pris « tes clipes et tes clopes » et tu es parti. »

Je vous dis à la semaine prochaine !

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.