Le grand réveil - Racing Club de Strasbourg Alsace
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03/03/2017

Luc vient de se réveiller. Il a chopé un truc, on sait pas c’est quoi, un genre maladie du sommeil très prolongée. Pas un coma, a dit le toubib, confronté à une pathologie inconnue. Luc s’est endormi au mois de juillet 2016 après une furieuse soirée entre amis. Comme une souche, sur le dos, la bouche ouverte, en ronflant comme un malpropre. On a été le voir souvent. Bon, il dormait, c’est tout. Il peut se réveiller à n’importe quel moment, répétait le docteur, vachement rassurant. Mais bon, c’est arrivé. Comme ça. Il a ouvert les yeux. Avec un grand sourire. Coups de fil entre potes. On a été le voir tout de suite. Quand il nous a aperçus, il a lancé, là, impatient : « Bon, les gars, ce déplacement à Bourg-en-Bresse, c’est ok ? ». Même pas remarqué qu’il était à moitié à poil sur un lit d’hôpital. On a dû lui expliquer. Pas facile. « Il va mieux » est venu dire le médecin, fin observateur de la situation.

La journée a été longue mais ça s’est bien passé. Luc a digéré son long sommeil. Il a raté le Noël habituel chez le mari de sa sœur et ça, visiblement, ça l’a mis d’excellente humeur. Surtout, il a fallu lui raconter que Bourg-en-Bresse, ça faisait déjà loin, qu’on était déjà en mars. On a fait l’impasse sur les présidentielles, il risquait de se rendormir. De toute façon, à part le Racing, rien ne l’intéressait. « On en est où alors ? ». Il en était encore au discours d’avant-saison du président, sur la meilleure saison à faire, surtout se maintenir, éviter les frayeurs. En voyant nos gueules, il s’est figé. « C’est la merde, hein, on est en danger, je le sens ! ». Pas ça, on a répondu. C’est Avranches. On s’est fait sortir de la Coupe aux tirs au but et on n’a pas été très bons. « Et en championnat, bordel, mais dites-moi, Bon Dieu ».

Dany, le statisticien et conteur de la bande depuis la Coupe de France 1966, a fait un résumé complet. Petit à petit, Luc a fait de grands yeux. « Approchez-vous ! ». Il nous a pris dans ses bras les uns après les autres, l’œil humide. « Mais le maintien, c’est tout bon alors ». On a dit qu’on pensait que oui, franchement. « Et on est quatrièmes, à égalité de points avec le deuxième, vous dites ? Mais c’est génial. On joue la montée ! ». Il a fallu le calmer, pas aussi simple que ça, trop tôt pour en parler, c’est serré. Edouard a exprimé son inquiétude : « On sort de deux matches ratés, deux défaites, pas facile de se refaire. Et là, on va à Valenciennes avant de recevoir Brest, le leader ».

Luc a bondi de son lit, réclamé ses affaires. « Wow ! Je me réveille à temps ! Quelle fin de saison, les copains ! ». Il est déjà redevenu lui-même. « On s’en fout. La Coupe, on est dehors, tant mieux. On va se focaliser à bloc sur le championnat. Ce qui compte, c’est pas les deux matches perdus mais ce qui va arriver. Vous vous rendez compte, les onze matches qui nous attendent ? C’est de la folie. Vous savez quoi ? Les joueurs, ils n’ont qu’à faire comme moi. Reprendre la saison où elle en est, en oubliant le reste, sans se poser de questions. Moi, je vois que ça. Hopla, on serre les boulons et on va faire les mecs à Valenciennes ».

On s’est regardés, encore une fois. « Il a pas tort » a soufflé Dany. « Il a même raison » a confirmé Edouard. « Vu comme ça ! », j’ai ajouté. On a sabré une bouteille de crémant. La vie est belle. Le réveil de Luc est un message. Et si, seulement et frénétiquement tournés vers l’avenir, ça commençait maintenant ?

Je vous dis à la semaine prochaine !

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.