Le goût des autres - Racing Club de Strasbourg Alsace
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12/11/2019

Le goût des autres

Il y a eu ça. Lebo Mothiba, pourtant malchanceux comme personne jusque-là, se jetant dans les bras de Ludovic Ajorque quand celui-ci ouvre la marque et inscrit son troisième but de la saison. À cet instant, l’attaquant sud-africain oublie sa guigne, ces neuf mois et dix jours qui le séparent de son dernier but à la Meinau, un soir de doublé contre Bordeaux en demi-finale de la Coupe de la Ligue BKT (3-2, le 30 janvier). Il est heureux, illuminé de ce sourire magnifique qui ne le quitte pas un jour, bon ou mauvais, que Dieu fait.

Il y a eu ça aussi. L’instant d’un possible penalty. Un ballon que Ludo porte dans les bras de Lebo pour que cesse cette longue et interminable attente. Plutôt permettre au copain d’en finir avec ce grand silence que de penser à ces stats personnelles.

Et ça. Ce centre de Ludo pour Lebo et la délivrance enfin, après avoir essayé et essayé encore. Une course vers le grand gaucher et l’embrassade. On aurait cru alors que toute la Meinau enlaçait Lebo. Heureuse pour lui.

Et ça. Matz Sels traversant tout le terrain pour entourer son attaquant avec ses bras de fer à l’heure du doublé. L’ultime cadeau de Ludo à Lebo comme la révélation du complot. Il fallait que Lebo marque, à tout prix. Lebo, alors, n’est pas Lebo. Il est le Racing tout entier.

Ce sont les images d’un soir qui a fini par l’habituelle célébration dans le vestiaire. Le chant de la victoire orchestré par Momo Simakan, laissé au repos mais joyeux comme s’il venait de gagner la Coupe du Monde. Et Lebo, short noué au nombril, qui danse. Comme il avait dansé après Nice alors qu’encore la poisse l’avait pourtant poursuivi. Heureux pour les autres quand même ce soir-là.

Il nous reste de belles choses de cette nuit qui annonce l’hiver. Nos joueurs demandant à Pablo Martinez de les accompagner pour saluer le public. Ils n’étaient pas obligés.

Voilà. Cette chronique n’est pas la chronique d’un monde du football qui serait idyllique. C’est juste la photo d’un soir de victoire. Elle imprime quelque chose de nous. Elle dit pourquoi nous aimons ce jeu. Et pourquoi nous aimons tant aller à la Meinau.

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.