La cigogne et l’aiglon

La cigogne, si prospère
Tout l’Hiver,
Se trouva bien pourvue
Au nombre de ses buts.
De son maintien,
Elle faisait festin.
Pas un seul petit morceau
De crainte à la Meinau.
Quand, à la St-Nestor,
Pour un samedi d’efforts, 
L’aiglon soudain,
Sans pitié ni dédain,
Fit surgir une grande menace.
« Que me veux-tu, rapace ? »
Lui dit-elle.
« Te couper les ailes
Et piller ton jardin ».
A ces mots, la cigogne désigna ses gradins :
« Mais ne les vois-tu pas ? Ne les entends-tu pas,
Ces milliers de soldats,
Pleins de foi et de chants
Aussi joyeux que des enfants ? »
A ces mots, l’aiglon l’admit :
« A Strasbourg, vous êtes vernis,
Mais de cela, nous n’avons cure,
Soyez prêts à nos morsures ».
La cigogne n’est pas peureuse,
Ni hautaine, ni prétentieuse.
Face au combat venant,
Elle se contenta de répondre,
D’un ton ferme qu’on ne peut confondre : 
« Eh bien ! Jouons maintenant ».