Une impatience caniculaire, apaisée et inondée par l’immense vague bleue qui s’est soulevée sur les terres de Russie, prend fin dimanche à Bordeaux où les prévisions météorologiques font état de risques d’orage. Pour le Racing, c’est le premier jour de l’an II en Ligue 1. La deuxième saison dans le grand monde et c’est déjà un exploit quand les trois derniers champions de Ligue 2 avant lui sont retombés aussi vite qu’ils étaient montés.
Nous sommes sortis indemnes d’une saison de vertiges, de doutes et d’exploits que le seul match contre Lyon a résumée par son insupportable et époustouflante dramaturgie. Ce match où nous sommes revenus des ténèbres. L’éclair d’un dernier coup-franc, au bout de la nuit, a soudain réveillé le tumulte d’une Meinau extatique, emportée par un soulagement rugissant. Le pari était tenu et nous en étions transis.
Désormais, une nouvelle page est à écrire. Elle est blanche, elles le sont toujours en été dans ce temps suspendu aux espoirs et aux attentes. Bien des choses ont changé sauf une : notre volonté de poursuivre le chemin sur les crêtes du football français. Nous serions bien présomptueux de vouloir si vite bousculer l’ordre du monde. Nous sommes encore dans un espace de construction et de consolidation. Marc Keller, notre président, le martèle sans cesse avec les mots d’une ambition mesurée. Pérenniser. Grandir. Bâtir encore et toujours en attendant la nouvelle Meinau qui sera une maison modernisée où nous aurons pourtant le sentiment d’être chez nous. Comme avant.
Le vestiaire a changé. Une poignée de grognards du National y côtoie désormais des nouveaux à l’accent serbe ou flamand. L’un ou l’autre viendront encore agrandir la famille. Comme chacun, ils apprendront à crier « Jetzt geht’s los » le jour de la signature devant la caméra de Pierre. La phrase de tous les ralliements qui fait d’eux des Alsaciens comme nous durant leur passage strasbourgeois.
Car toute l’Alsace est déjà en marche. Nous serons plus de 19.000 abonnés cette saison (3.000 de plus que la saison dernière), un chiffre historique. Le témoin d’un mouvement qui n’a cessé de s’amplifier dans l’ascension du club comme si, de chaque escarpement de la montagne gravie, ont surgi des nuées entières de supporters. La Génération Racing est là, mélange magnifique de femmes, d’hommes et d’enfants qui ont fait de leur stade le lieu inestimable de leur passion.
Ça commence à Bordeaux, dimanche. La première des 38 marches. Si, tout en haut de l’escalier, une nouvelle saison en Ligue 1 nous attend, le travail serait fait. Ça recommence. Enfin !
Allez Racing et salut bisame !
Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.
