Jérémy, fan du bout du monde - Racing Club de Strasbourg Alsace
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04/08/2017

Jérémy, fan du bout du monde

Jérémy Martin devra se dépêcher en rentrant de Lyon, dimanche matin. Tout juste le temps de boucler la valise et de monter dans la voiture de papa, direction l’aéroport international de Francfort. De là, un long voyage aérien de 16.600 kilomètres l’attend vers Sydney, en Australie. Retour à la maison avec sa copine, Manon, dans la mégapole de 5 millions d’habitants, de l’autre côté de la terre.

A 30 ans (depuis le 17 juillet dernier), Jérémy Martin n’est pas un supporter du Racing tout à fait comme les autres. Il y a deux ans, il quitte sa région natale pour suivre Manon qui a trouvé un travail à Sydney. Il loue son appartement à Hoenheim, prend une année sabbatique auprès de la banque où il est employé, « le temps de voir comment les choses se passent là-bas ». Nous sommes le 15 juillet 2015 : « Quelques semaines plus tôt, j’étais dans les gradins de la Meinau pour Racing-Colomiers (2-0), le dernier de la saison en National. Je me souviens de la rumeur qui a parcouru le stade et qui nous avait fait croire qu’on allait monter. En partant, je me suis dit que j’avais peut-être vu mon dernier match à Strasbourg ».

A cet endroit de sa vie, Jérémy est un fan absolu du Racing. Il a huit ans quand Gabriel, son père, grand connaisseur du club lui aussi, l’emmène pour la première fois au stade. Depuis, il a tout vu ou presque : « J’ai été spectateur, supporter, ultra puis abonné. Le Racing je l’ai suivi partout. J’ai adoré des joueurs comme Ljuboja, Corentin Martins, Niang, Pagis. J’ai suivi le Racing en Coupe d’Europe, à Rome, à Graz. La Meinau était ma deuxième maison ». Jérémy a vibré aux heures fastes. Il est resté fidèle aux heures obscures : « J’ai accompagné l’équipe dans toute son aventure, du CFA 2 jusqu’au National, à domicile comme à l’extérieur ». Dans la maison de papa Gabriel, la collection de tous les billets achetés depuis 1997 l’attend en lieu sûr.

A Sydney, où Jérémy travaille désormais au service clients d’une société de jeux en ligne, la passion du Racing ne s’est pas évanouie dans les nuages de l’expatriation. Mais suivre les matches n’est pas chose facile : « La première année, je ne pouvais pas voir les matches du National en streaming. Je me levais à quatre heures du matin pour suivre, en direct, le live-score des journaux alsaciens sur internet ». Parfois, Jérémy et Gabriel se captent sur Skype pour commenter, en direct aussi. Auprès de ses amis, Jérémy passe pour un fou gentil, un drôle de cigogneau au pays des kangourous.

« Mais on m’a vraiment pris pour un fou lorsque j’ai décidé de prendre l’avion pour venir assister au match contre Bourg-en-Bresse pour la montée en Ligue 1. Je n’ai même pas osé le dire à ma maman, j’ai prévenu mon père au dernier moment ». Deux jours d’avion pour deux jours à Strasbourg. Pour un match. Qui sera « un moment invivable par moments. Je n’oublierai jamais ce dernier quart d’heure, la peur que tout s’écroule pour un but, l’idée d’avoir fait tout ce chemin pour une terrible déception. Je ne sais même dire quel sentiment m’a habité à la fin. Juste un énorme soulagement, je crois ».

Jérémy vient de passer trois semaines de vacances en Alsace. Il les termine au Groupama Stadium de Lyon dans le parcage des supporters alsaciens, comme avant l’exil. Puis, il s’envolera pour Sydney. « La L1, c’est bien, je vais pouvoir regarder les matches à la télé ». La petite notoriété médiatique que lui a valu son périple australo-alsacien en mai dernier n’a pas été inutile. « Grâce aux articles sur les réseaux sociaux, j’ai été contacté par un autre supporter du Racing qui vit à Sydney, Jonathan Noé. On a pris un café et, depuis, on est devenus des potes ». Jérémy va pouvoir montrer à Jonathan le maillot de la montée dédicacé par les joueurs. Il lui racontera sa petite visite dans le vestiaire alsacien où il a posé devant le casier de Jonas Martin. J. Martin. Comme lui.