UN CŒUR POUR DEUX CASQUETTES - Racing Club de Strasbourg Alsace
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09/05/2013

UN CŒUR POUR DEUX CASQUETTES

Daniel Uhmann, directeur du cinéma « Le Colisée » à Colmar, est supporter et abonné du Racing depuis 1966. Aux rives approchantes de la soixantaine encore rugissante, il nous écrit son amour pour les Bleus et Blancs, une histoire de coeur qui touchera tous ceux qui, comme lui, chérissent  le club et attendent son retour vers ces sommets chargés de nostalgie. 

« Je ne me suis jamais rêvé avec deux casquettes. En amour comme en politique c’est pratique. En football c’est plus difficile. Au Colmar Stadium, dans les pots d’après match, après une victoire des Verts, il y a toujours quelqu’un pour me demander : « alors tu vas encore au Racing, quelle drôle d’idée »… Justement c’est pas une affaire d’idée, c’est une affaire de cœur et on en a qu’un seul.

Dans leurs rêves enfumés, les anciens du Stade des Francs, qui reposent désormais au Ladhof, ne pouvaient imaginer les Sports Réunis évoluer au dessus du Racing et mener la hiérarchie régionale. Le Racing chez les amateurs ! Seule une guerre, et encore ! Pourtant nous en sommes là, et il y a pire qu’une guerre, il y a le rapporteur aux comptes. Alors on se la joue. On fait comme si c’était un mauvais film. C’est quoi le CFA ? On cherche sur la carte le nom des adversaires.  On essaie d’enrôler des amis. On est tout surpris de pouvoir s’asseoir où on veut. On s’assure que les merguez n’ont pas changé et puis on ferme les yeux et là enfin la Meinau résonne. On reconnaît les bruits, on reprend les chants. Jean Luc est au micro, et « on se lève parce qu’on est strasbourgeois ».

Le Racing en CFA c’est une plaisanterie qui ne peut pas durer, et qui ne va pas durer. Il faudra sans doute un peu de temps pour quitter les sous-sols et revenir dans la lumière, mais ce temps-là il faudra bien prendre soin de ne pas le gâcher en palabres internes, éviter d’aller fouiller dans les armoires même si les souvenirs , têtus, viennent vous chatouiller le fond de l’œil quand les résultats ne sont pas au rendez-vous.

J’avais 13 ans ce 25 mai 1966. Farias, Hausser, Merschel et les autres étrennent la Coupe de France sur la cendrée noire du virage du Krimeri.. Il y a plus moche comme flash-back pour démarrer une histoire d’amour avec les Bleus. Une histoire qui démarre dans le rouge car inexplicablement ce soir-là mes premières idoles jouent en rouge et noir pour rebattre Nantes. Il faut que Roland m’explique..

Pas sûr que les gars d’aujourd’hui, dans le brouillard de la douche, dans l’avalanche des SMS, captent un mot de ce que je dis. C’est pas grave, c’est pas ce qu’on leur demande. On veut que Sichi réussisse ses centres et que Modeste trouve son appui. Tout de même, si demain, dans un Raon qui doit sa réputation à la guerre, on pouvait gagner une bataille qui ressemble à une victoire, je remettrai du temps et de l’humeur dans ce club, en pensant à Boka titulaire le 1er juin prochain à Berlin pour la finale de la Coupe d’Allemagne, en pensant à Marc Keller dernier sélectionné du Racing en EDF, en pensant à mon papa qui n’est plus revenu tribune Ouest depuis la victoire rigolote du Racing  contre le Bayern en juillet 2006, et qui ne reviendra plus… »