Épisode 38 : 22h51, Dim s’élance… - Racing Club de Strasbourg Alsace
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15/05/2018

Épisode 38 : 22h51, Dim s’élance…

Le ballon est déjà posé. Capitaine Kadou s’approche. Il enroule l’épaule de Dim, lui glisse quelques mots. Ce sont ceux-là, Kader me les a confiés : « Tu as le meilleur pied gauche en France. Tu peux le faire. C’est le moment ou jamais ». Le ballon est posé, attend. Kenny vient, dit quelque chose à Dim. Le ballon. Anthony vient, dit quelque chose à Dim. Le ballon. Steph vient, dit quelque chose à Dim. Le ballon. Pablo passe. Un mot à l’oreille de Kenny. Les yeux de Dim, plein écran. Le ballon est posé, immobile, face au mur, face au kop qui n’en peut plus. Une rumeur monte, court dans la foule déjà debout.

Onze matches sans victoire. Comme s’ils l’avaient fait exprès ! Retardé la chose afin qu’elle surgisse là, maintenant, ici et nulle part ailleurs. Dans cette Meinau qui les porte et les pousse, de samedis en dimanches, dans un chant continu et puissant, sans faiblesse et sans rancune. C’est le dernier match à la maison. L’auraient-ils choisi ce match, prolongeant l’infernale dramaturgie des saisons qui passent ? Sans le savoir, sans le vouloir, juste parce que ce serait tellement plus beau comme ça, du fond d’un abîme de doutes et face à une armée lyonnaise sans pitié.

Le ballon est posé. Il n’y a plus de banc. Les autres sont debout, un pied sur le terrain déjà. Ils sont dix-sept comme un seul homme, et le staff, et le toubib, et les kinés, et Florian, et Guy. Il est bientôt onze heures du soir et le temps s’est arrêté. Dans la corbeille, le visage de Marc Keller est figé. Dim recule. Anthony, à gauche, fixe la balle. Entre lui et Dim, Kenny a les mains sur les hanches. Pablo, plus à droite, guette. Si jamais le ballon lui revient. Steph se fait gicler du mur. Nuno et l’autre Dimitri sont à l’affût dans la surface.

Un quart d’heure plus tôt, après Aouar. 73 minutes d’un engagement total, d’une stratégie appliquée à la lettre, et ça ! On se sent soudain à l’ouest, du côté de Nantes. Mais ça chante encore, ça rugit même et ça pousse. Plus fort encore. Nuno vient sur le pré mais les minutes passent. Deux encore avant le supplice additionnel ! Le centre de Dimitri Foulquier. La tête de Nuno. La terre se met à trembler. Il n’y a plus d’avant, plus d’Amiens, plus de PSG, plus de Marseille, plus de Guingamp. Plus rien que les cinq dernières minutes du dernier match de la saison à la Meinau. Un point à sauver avec toutes les forces qui restent. A moins que. Faute sur Nuno sur la ligne de la surface. Même plus une minute !

12 mai 2018. Le mur est aligné. Il est bientôt onze heures de la nuit. Le ballon est posé. Un petit saut. Dim s’élance.

Je vous dis à la semaine prochaine !

Allez Racing et salut bisame !

Jean-Marc Butterlin a été Chef des Sports du journal « L’Alsace » et Grand Reporter au journal « L’Equipe ». Il est membre du Conseil d’Administration de l’Association Racing Club de Strasbourg Alsace.